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Santé des écosystèmes

Diversité biologique et fonction des écosystèmes

Les espèces et habitats du bassin du lac Champlain sont riches par leur diversité, toutefois certains habitats sont fragmentés et doivent être protégés.

Les espèces indigènes ont besoin d’habitats, tels que des forêts, plaines inondables et milieux humides, qui soient intacts et fonctionnels. Ces habitats assurent également d’autres fonctions écosystémiques inestimables, notamment le cycle des nutriments, la rétention des sédiments, le stockage du carbone et la purification de l’air et de l’eau. Les bandes riveraines végétales des lacs et des rivières contribuent à atténuer les effets des inondations car ils absorbent de l’eau, réduisent l’érosion et offrent une ombre et une protection qui permettent de maintenir ces milieux aquatiques froids et habitables pour les poissons, les amphibiens et les insectes.

Les habitats fragmentés et les pressions liées aux changements climatiques peuvent mettre en péril les espèces rares, menacées et en voie de disparition. La fragmentation de l’habitat est essentiellement causée par l’expansion des activités humaines et l’aménagement du territoire et peut limiter la capacité des espèces à se reproduire, à prospérer et évoluer dans des conditions naturelles. Les contraintes sur l’habitat des espèces indigènes sont encore accrues lorsque des pluies intenses créent des zones perturbées qui favorisent des espèces non indigènes et envahissantes.  

40 % environ de la superficie terrestre du bassin est protégée dans une certaine mesure; cela met ces superficies à l’abri de futures formes d’exploitation telles que l’exploitation minière à ciel ouvert, le rejet de déchets et le développement urbain. Les efforts de protection peuvent améliorer la biodiversité, la résilience et l’équilibre des écosystèmes et offrir aux populations de plus larges possibilités d’utilisation et d’appréciation du bassin.  

Plus de recherche est nécessaire pour le soutien des espèces rares, menacées et en voie de disparition du bassin versant du lac Champlain.

Des biologistes de la faune terrestre et aquatique travaillent à mieux comprendre et protéger les espèces rares, menacées et en voie de disparition du bassin telles que la tortue molle à épines, l’esturgeon jaune, la chauve-souris de l’Indiana, la sterne pierregarin et le necture tacheté (salamandre).

Si certaines espèces, notamment le pygargue à tête blanche et le huard commun connaissent un retour remarquable sous l’effet combiné de la protection de l’habitat, de la réduction de la pollution et des efforts de réintroduction, la recherche devra se poursuivre pour le rétablissement d’autres espèces. Le Vermont Fish and Wildlife Department réimplante le necture tacheté dans la partie supérieure de la rivière Lamoille et suit ses déplacements afin de déterminer si une population viable peut être établie dans un habitat plus protégé. Cinq des dix espèces connues de moules indigènes du lac Champlain sont classées comme étant menacées ou en voie de disparition dans le Vermont. Le Lake Champlain Committee a étudié les effets de la moule zébrée envahissante sur les espèces de moules indigènes et a identifié le delta de la rivière Lamoille comme étant un habitat refuge approprié contre la moule zébrée. La protection de ces zones permettra aux espèces en voie de disparition de prospérer à l’avenir.

Le saumon atlantique  d’eau douce (ouananiche) bénéficie d’un meilleur accès à son habitat fluvial traditionnel et le passage pour toutes les espèces aquatiques est amélioré par le remplacement de ponceaux.

Lorsqu’elles sont bien connectées et offrent des zones tampons suffisantes, les rivières du bassin du lac Champlain abritent de nombreuses espèces indigènes. Elles absorbent les eaux de crue, retiennent les sédiments et offrent un habitat d’eau fraîche à des espèces telles que la truite et le saumon. Toutefois, ce réseau a été perturbé par des barrages, le développement, l’agriculture, l’industrie et les traversées routières. Les ponceaux de traversée routière sont souvent trop petits ou endommagés. Ces ponceaux peuvent être obstrués par des sédiments et des débris ou sont en hauteur par rapport au lit du cours d’eau, ce qui rend leur traversée difficile pour les poissons et autres espèces. 

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L’enlèvement récent de barrages a étendu l’habitat de la ouananiche. Photo: Concordia University

Des biologistes des pêches s’attachent à rétablir le passage des poissons dans les affluents du lac Champlain, en particulier pour la ouananiche (Figure 11). Ce saumon peut remonter les cours d’eau jusqu’à ses habitats traditionnels dans la majorité des principaux affluents, à l’exception des rivières Saranac et Missisquoi. Davantage de travail est nécessaire dans ces réseaux pour rétablir l’accès du saumon à ses frayères. Dans la rivière Winooski, les très importants travaux de restauration ont privilégié l’utilisation d’échelles à poissons ainsi que la capture et le transport du saumon en amont, afin d’étendre l’habitat traditionnel de cette espèce. Dans la rivière Ausable, les biologistes utilisent l’ADN environnemental pour déterminer la répartition géographique des espèces de poisson indigènes et non indigènes, notamment l’omble de fontaine, la truite brune et la truite arc-en-ciel, afin de hiérarchiser les futurs efforts de raccordement et de restauration de l’habitat du saumon atlantique. D’autres groupes, y compris les Dam Task Forces (groupes de travail sur les barrages) dans l’État de New York et le Vermont, identifient, hiérarchisent et mettent en œuvre des restaurations de passages aquatiques dans les rivières.

Figure 11 | Accès à l’habitat de la ouananiche dans les affluents du lac Champlain
Figure 11 | Accès à l’habitat de la ouananiche dans les affluents du lac Champlain

Les poissons du lac Champlain sont appréciés des pêcheurs à la ligne, mais plus de recherche est nécessaire pour déterminer l’état des populations de poissons du lac.

Le lac Champlain abrite 80 espèces de poissons, notamment des espèces sportives qui attirent des concours de pêche de toute taille de poisson. Le lac Champlain offre d’excellentes possibilités de pêche à la ligne à l’année. Le plus grand touladi (truite grise) répertorié a été pêché en août 2020; il pesait 19 lb 6 oz (8,8 kg), pour une longueur de 36 po (91 cm).

Des projets de restauration sont en cours pour certaines espèces de poissons, mais l’état de nombreuses autres espèces dans le lac Champlain reste inconnu. L’Université du Vermont mène une étude de suivi des communautés piscicoles visant à déterminer la meilleure méthode de collecte d’information sur l’abondance et l’état des poissons-proies tels que le gaspareau et l’éperlan arc-en-ciel. Les variations de disponibilité des poissons-proies ont un effet sur les espèces prédatrices, telles que la truite et le saumon, dans le lac.

L’ensemencement de touladi sera réduit grâce au succès de la reproduction naturelle et l’ensemencement d’autres salmonidés se poursuivra.

L’ensemencement de touladi (truite grise), de saumon atlantique, de truite brune et de truite (ou saumon) arc-en-ciel se poursuit dans le lac Champlain pour soutenir les activités de pêche récréative. Les biologistes de l’Université du Vermont ont observé neuf classes d’âge de touladi sauvage (non ensemencé). Le touladi avait disparu du lac Champlain en 1900 et cette découverte permettra la première réduction de l’ensemencement du touladi, à hauteur de 33 %, prévue en 2022, afin de préserver un bon équilibre entre les touladis sauvages et ensemencés et leur réserve de poissons-proies. Les gestionnaires de la pêche continuent de surveiller les ouananiches adultes et de recueillir des œufs de poissons sauvages pour les piscultures. La majorité des saumons recueillis de 2018 à 2020 provenaient de l’écloserie Brook et de la rivière Lamoille dans le Vermont et des rivières Boquet et Saranac dans l’État de New York. Chaque automne, les saumons âgés de trois à quatre ans entreprennent une migration de frai vers les rivières pour se reproduire. Ces saumons de rivière offrent des possibilités de pêche et sont essentiels aux efforts en cours pour restaurer les populations naturelles.

Les changements climatiques et les parasites des forêts envahissants exercent des pressions sur les habitats forestiers du bassin.

Les changements climatiques sont probablement la plus grande menace pesant sur la santé des forêts du bassin. Les essences de feuillus septentrionales telles que l’érable, le bouleau jaune et le hêtre à grandes feuilles sont menacées par des étés plus chauds et plus secs, qui peuvent freiner la croissance et modifier la composition des forêts en faveur d’essences issues de climats plus chauds telles que le chêne et le pin.

Deux parasites des forêts envahissants, l’agrile du frêne et le puceron lanigère de la pruche, ont récemment été observés dans le bassin. Ces ravageurs se répandent avec l’aide des humains, en se laissant transporter dans le bois de chauffage et le matériel de pépinière parasité, puis se dispersent naturellement. Le frêne et la pruche sont des essences importantes dans le paysage naturel du bassin et ces parasites peuvent tuer rapidement les arbres hôtes, entraînant des problèmes d’érosion et de qualité de l’eau à partir des terrains très pentus et des bandes riveraines qu’ils occupent. Les services d’aménagement forestier assurent le suivi  courant et le contrôle rapide des infestations de puceron lanigère de la pruche dans le bassin hydrographique du lac George, où les pruches constituent 80 % de la forêt.

La température ambiante est en hausse et le lac gèle moins souvent que par le passé, toutefois les effets complets du changement climatique sur les habitats, les poissons et la faune sont difficiles à quantifier.

Figure 12 | Tendances saisonnières de la température de l’air à Burlington (Vermont)
Figure 12 | Tendances saisonnières de la température de l’air à Burlington (Vermont)

Les mesures de température de l’air indiquent que les températures minimales en hiver et maximales en été augmentent depuis le début des années 1900, avec un réchauffement prononcé au cours des dernières décennies (Figure 12). Burlington a enregistré son été le plus chaud en 2020, avec une température moyenne de 22,4 °C (72,3 °F) et une durée record de 41 jours consécutifs au-dessus de 15,6 °C (60 °F), dépassant le record précédent de de 37 jours en 1898. Ces tendances peuvent influer sur la couverture glacielle en hiver et allonger la période de « croissance » durant l’été pour l’activité biologique, notamment la croissance de plantes envahissantes et les efflorescences de cyanobactéries.

Si la surface du lac Champlain gelait complètement presque chaque année au début des années 1900, il gèle à présent beaucoup moins fréquemment (Figure 13). Actuellement, le lac gèle environ une fois tous les quatre ans; la modélisation suggère qu’en 2050 le lac pourrait ne geler complètement qu’une fois par décennie (Figure 14).

Figure 13 | Gel complet de la surface du lac Champlain
Figure 13 | Gel complet de la surface du lac Champlain
Figure 14 | Probabilité de gel complet de la surface du Lac Champlain
Figure 14 | Probabilité de gel complet de la surface du Lac Champlain

Les chercheurs continuent d’étudier les effets des changements climatiquesFigure 1 alors que le bassin connaît des orages violents toujours plus fréquents qui accroissent l’érosion au printemps et à l’automne, des périodes de sécheresse en été qui affectent les cultures et augmentent les risques d’incendies de forêt, et des hivers plus doux qui réduisent la couverture de glace. Le réchauffement climatique a des effets sur les espèces, l’habitat et la fonction des écosystèmes naturels. Les hivers à venir peuvent présenter des saisons d’activités hivernales plus courtes et une pêche blanche limitée et les étés peuvent devenir plus chauds, avec des effets accrus sur la qualité de l’eau pouvant limiter les activités de loisir et autres sur le lac.