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Santé des écosystèmes

Espèces aquatiques envahissantes

La majorité des eaux du bassin du lac Champlain sont exemptes d’espèces aquatiques envahissantes et doivent être protégées; le comportement humain peut entraîner la propagation d’espèces envahissantes.

Les espèces aquatiques envahissantes sont des plantes, des animaux et des agents pathogènes non indigènes au bassin hydrographique et qui se sont révélées préjudiciables à l’économie, à l’environnement ou à la santé humaine. Les espèces envahissantes peuvent détourner les ressources alimentaires des espèces indigènes, réduire la pénétration de la lumière, modifier les habitats, nuire à la qualité de l’eau, faire obstacle aux activités de loisir et avoir un effet négatif sur les valeurs immobilières. Les pathogènes envahissants menacent également la santé des espèces de poissons indigènes et la pêche récréative.

Figure 15 | Première détection d’espèces aquatiques non indigènes et envahissantes dans le lac Champlain
Figure 15 | Première détection d’espèces aquatiques non indigènes et envahissantes dans le lac Champlain

La majorité des espèces non indigènes introduites ne finissent pas par s’établir dans l’écosystème. Celles qui y parviennent peuvent avoir de graves effets à grande échelle nécessitant d’importantes ressources pour y faire face. Un peu plus d’une douzaine d’espèces aquatiques non indigènes établies sont considérées comme des espèces envahissantes dans le lac Champlain, dont la moule zébrée, la châtaigne d’eau, le myriophylle en épi, le roseau commun, le cladocère épineux et la puce d’eau en hameçon (Figure 15).

Des inventaires réalisés par des programmes gouvernementaux et les groupes de surveillance communautaires soutenus par l’Adirondack Park Invasive Plant Program ainsi que par les bénévoles du Vermont Invasive Patroller Program indiquent que 75 % des lacs des Adirondacks et 80 % des lacs du Vermont sont exempts d’espèces aquatiques envahissantes.

La principale source de nouvelles espèces aquatiques envahissantes dans notre région est l’eau de ballast chargée par des navires dans leurs ports en eau douce d’origine à travers le monde et déversée dans les Grands Lacs. Une fois ces espèces envahissantes établies dans les Grands Lacs, leur introduction dans le lac Champlain se fait principalement par l’intermédiaire des canaux qui relient les Grands Lacs, le fleuve Saint-Laurent et la rivière Hudson au lac Champlain (Figure 16).

Figure 16 | Menaces d’espèces non indigènes sur le bassin du lac Champlain par les voies navigables connexes
Figure 16 | Menaces d’espèces non indigènes sur le bassin du lac Champlain par les voies navigables connexes

La puce d’eau en hameçon a envahi le lac Champlain en 2018 et a modifié la base du réseau trophique.

La puce d’eau en hameçon est la 51e espèce aquatique non indigène à avoir été observée dans le lac Champlain et elle présente un risque notable de propagation à d’autres plans d’eau de la région. Tout comme le cladocère épineux envahissant (détecté dans le lac Champlain en 2014), ce crustacé est un prédateur vorace. Elle a eu un impact sur la communauté phytoplanctonique du lac et est en train de supplanter le cladocère épineux. Elle est de petite taille et ses œufs au stade de durée peuvent être transportés de façon inaperçue dans l’eau dans un fond de cale, un moteur ou un seau à appâts. Toutefois, lorsque des milliers de queues épineuses de cette espèce s’accrochent et engorgent les lignes et autres matériels de pêche, ils sont difficiles à ignorer. 

La puce d’eau en hameçon est originaire d’Europe du Nord et d’Asie. Cette espèce a probablement été introduite avec de l’eau de ballast rejetée dans les Grands Lacs et s’est ensuite propagée lors des transports entre les plans d’eau des bateaux, des remorques et d’autres matériels de pêche et de loisir jusqu’au lac Champlain. Au cours des trois dernières années, les programmes de sensibilisation environnementale (Launch stewards) aux rampes de mise à l’eau ont permis d’éliminer et de décontaminer le matériel souillé et de vidanger l’eau des moteurs de bateaux et des compartiments d’embarcations sortant du lac Champlain durant le pic de population de l’espèce, de fin juin à début juillet.  

Les espèces envahissantes ont un effet sur la pêche dans le lac Champlain.

Les espèces non indigènes et envahissantes continuent de poser des problèmes dans le lac Champlain et il est difficile de quantifier leurs effets. Lorsqu’une population augmente, cela exerce une pression sur d’autres espèces concurrentes dont l’alimentation et l’habitat sont similaires. La moule zébrée a colonisé la majorité du lac et filtre des quantités incalculables de plancton chaque jour, réduisant d’autant la nourriture disponible. Le gaspareau continue de supplanter l’éperlan indigène, modifiant ainsi le réseau trophique, et constitue à présent la principale source d’alimentation du saumon atlantique et du touladi. Le gaspareau est riche en thiaminase, une enzyme qui détruit la thiamine dans les poissons qui le consomment, entraînant un syndrome de mortalité précoce chez les poissons nouvellement éclos ou un dysfonctionnement du système immunitaire. Les œufs incubés en écloserie sont à présent baignés dans de la thiamine pour compenser la carence liée à la thiaminase et améliorer les chances de survie.

Les taux de blessure par les lamproies sur le truite grise (touladi) et le saumon atlantique sont variables.

La lamproie est un poisson parasite semblable à l’anguille qui se nourrit de saumon atlantique, de touladi et d’autres espèces sportives dans le lac Champlain. Elle passe les quatre premières années de sa vie sous forme de larve dans les affluents du lac, puis migre dans le lac où elle survit en s’attachant à des poissons pour se nourrir de leurs liquides organiques.

Les taux de blessure par les lamproies sur le touladi et le saumon atlantique étaient variables au cours des trois dernières années. Les taux de blessures sur le touladi sont largement supérieurs au taux-cible de 25 blessures par 100 poissons, mais les blessures sur le saumon atlantique se situe juste au-dessus de l’objectif de 15 blessures par 100 poissons (Figure 17). Historiquement, les taux de blessure par les lamproies ont été utilisés en tant qu’indicateur de l’effet de la lamproie sur la santé des populations de poissons, bien que ces taux ne soient pas une mesure directe et exacte de l’ampleur de la population de lamproie. Les principales méthodes de lutte contre la lamproie comprennent l’application de pesticides dans les affluents les plus porteurs de lamproies et l’installation de barrières pour les empêcher de frayer dans les affluents. Les effets des pesticides sur des espèces rares non ciblées sont un sujet de préoccupation dans plusieurs affluents.

Figure 17 | Taux de blessures par les lamproies dans le lac Champlain
Figure 17 | Taux de blessures par les lamproies dans le lac Champlain

Certaines nouvelles espèces aquatiques envahissantes se rapprochent du bassin.

hydrilla, quagga mussel, and round goby
Hydrilla, moule quagga et gobie à taches noires (de haut en bas) sont les espèces envahissantes les plus menaçantes « aux portes » du lac Champlain. Photos: University of Florida, Ellen Marsden, USFWS.

L’hydrilla, une plante aquatique envahissante, le gobie à tâches noires et la moule quagga se rapprochent tous du lac Champlain et sont considérés présenter une grande menace ici.

L’hydrilla est une plante aquatique agressive qui pourrait complètement coloniser les zones peu profondes du lac; son éradication nécessite des années de traitement par des herbicides. Des fragments d’hydrilla ont été interceptés par un intendant de rampe de mise à l’eau du lac Champlain en 2019 sur une motomarine en provenance de la rivière Connecticut.

Le gobie à taches noires est un prédateur agressif se nourrissant d’œufs, qui supplante les poissons benthiques indigènes tels que le chabot visqueux. Le gobie à taches noires peut subir une bioaccumulation de substances toxiques, telles que des BPC, issues des moules zébrées dont il se nourrit, ce qui en fait une menace pour ses prédateurs. Le gobie a été associé à des morts d’oiseaux dans les Grands Lacs. Il est présent dans le fleuve Saint-Laurent et la rivière Richelieu au nord et son avancée vers l’est dans le canal Érié en direction de la rivière Hudson a récemment été observée par le U.S. Geological Survey. 

La moule quagga est semblable à la moule zébrée présente depuis 1993, mais son introduction dans le lac Champlain entraînerait des conséquences plus graves. La moule quagga peut se développer dans des eaux plus profondes et bénéficie de plus grands avantages en matière de reproduction que la moule zébrée. Son arrivée mettrait de nombreuses épaves historiques en danger et leur alimentation par filtration aurait des répercussions importantes sur le plancton à la base du réseau trophique du lac Champlain. Des moules quagga ont été interceptées sur une embarcation qui avait précédemment visité le lac Ontario, alors qu’elle allait être mise à l’eau dans le lac Champlain en 2018.

Les efforts de prévention de la propagation des espèces aquatiques envahissantes se concentrent sur la gestion des voies d’accès et des activités humaines qui peuvent faciliter leur introduction accidentelle.

Une fois introduites, les espèces aquatiques envahissantes sont souvent impossibles à éliminer et très coûteuses à contrôler. La prévention de l’introduction de ces espèces est essentielle à la préservation de la santé de l’écosystème du lac.

Le canal Champlain qui relie les bassins du lac Champlain et de la rivière Hudson est une voie d’accès possible pour l’introduction d’espèces aquatiques envahissantes. Le U.S. Army Corps of Engineers mène actuellement une étude visant à déterminer la meilleure façon d’empêcher le transfert d’espèces aquatiques envahissantes entre ces deux bassins. Des groupes dans l’État de New York examinent également le réseau du canal Érié dans le cadre de l’initiative Reimagine the Canals du gouverneur, afin d’identifier les possibilités d’empêcher la propagation des espèces aquatiques envahissantes, de stimuler le tourisme, de réduire les risques d’inondation, d’améliorer l’irrigation et la pêche récréative et de restaurer les milieux humides. Ces efforts portent sur différentes solutions qui permettraient la circulation de plaisance à travers le réseau mais empêcheraient les poissons, les plantes, le plancton, les mollusques et les virus de déplacer d’un bassin hydrographique à un autre.

Figure 18 | Plans d’eau contenant des espèces aquatiques envahissantes visités avant une mise à l’eau dans le lac Champlain
Figure 18 | Plans d’eau contenant des espèces aquatiques envahissantes visités avant une mise à l’eau dans le lac Champlain

Les bateaux, remorques et équipements de loisirs peuvent également transporter des espèces envahissantes jusqu’au bassin du lac Champlain. Le LCBP et l’Adirondack Watershed Institute du Paul Smith’s College dirigent des programmes d’inspection et de décontamination des embarcations sur le lac Champlain et à travers toute la région pour empêcher la propagation des espèces envahissantes. Les données de suivi montrent que les cours d’eau les plus à risque dont proviennent les embarcations sont le plus souvent la rivière Hudson, le fleuve Saint-Laurent et la rivière Connecticut, où il y a des espèces aquatiques envahissantes différentes et plus nombreuses susceptibles d’être introduites dans le lac Champlain (Figure 18).

Un certain nombre de mesures simples peuvent être prises par les habitants du bassin versant pour empêcher la propagation d’espèces envahissantes, notamment de planter des espèces indigènes, la remise à des tiers de poissons d’aquarium au lieu de les relâcher dans l’eau, le respect des règles concernant les poissons appâts, ainsi que le nettoyage, la vidange et le séchage des embarcations et du matériel récréatif après chaque utilisation.

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Le lavage à l’eau chaude haute pression empêche la propagation des EAE. Photo: LCBP

Les actions annuelles intensives et coordonnées de lutte contre la châtaigne d’eau dans le lac Champlain réduisent lentement l’étendue de cette espèce.

La châtaigne d’eau est une plante envahissante annuelle qui forme de denses tapis de feuilles flottant à la surface de l’eau. À l’extrémité sud du lac Champlain, la châtaigne d’eau limite la circulation des embarcations et les activités récréatives, prend la place des espèces indigènes et crée des zones sans oxygène qui sont inhabitables pour les poissons et d’autres organismes. Il y a aussi des populations isolées de châtaigne d’eau dans d’autres sections du lac.

Le programme de lutte contre la châtaigne d’eau dans le lac Champlain est un exemple de succès durable. Des agences fédérales américaines, des États et provinciales ainsi que des organisations non gouvernementales apportent leur soutien à la récolte de la châtaigne d’eau par des moyens mécaniques et à la main dans le lac Champlain et d’autres étendues d’eau intérieures dans le bassin. Si les résultats de ces efforts de lutte varient d’une année à l’autre, ils ont permis de repousser les populations denses (couverture >25 %) de Crown Point à Dresden Narrows plus au sud au cours des 20 dernières années (Figure 19).

Figure 19 | Propagation de la châtaigne d’eau envahissante dans le lac Champlain
Figure 19 | Propagation de la châtaigne d’eau envahissante dans le lac Champlain
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What You Can Do

Plantez des espèces indigènes. Plantez des alternatives sans danger au lieu d’espèces envahissantes dans votre pelouse et votre jardin. Les plantes indigènes sont souvent plus résistantes à la sécheresse et aux parasites et offrent un meilleur habitat aux pollinisateurs, oiseaux et autres animaux sauvages.

Pas de relâche. Empêchez la propagation d’espèces envahissantes à partir d’aquariums et de jardins aquatiques. Ne déversez jamais d’eau d’aquarium ou de jardins d’eau, de plantes aquatiques ou d’animaux vivants ou morts dans la nature.

Nettoyez, vidangez et séchez. Contribuez à arrêter les auto-stoppeurs aquatiques. Avant de mettre votre embarcation et votre matériel dans un nouveau plan d’eau, nettoyez la boue et les débris, vidangez-les complètement et séchez-les avec soin. 

Renseignez-vous à l’avance. Avant de sortir, informez-vous sur les règles et réglementations locales concernant la chasse, la pêche et les poissons appâts.

Éliminez les appâts comme il se doit. Ne déversez jamais d’appâts aquatiques ou l’eau d’un seau à appâts dans un quelconque plan d’eau. Mettez-les à la poubelle.

Utilisez du bois de chauffage local. Ne déplacez pas de bois de chauffage entre différents lieux. Aidez à empêcher la propagation de maladies et de parasites des forêts.

Soyez à l’affût d’espèces envahissantes. Apprenez à rechercher et à identifier les espèces envahissantes. Adressez-vous à des groupes tels que le Vermont Invasives, l’Adirondack Park Invasive Plant Program, les instances provinciales de conservation et votre organisme local de gestion du bassin versant.